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Gaza, Les briques fatales du sionisme  – Déconstruire pour un nouvel horizon ?

By 8 avril 2024 avril 10th, 2024 No Comments

Un commando du Bétar, milice sioniste internationale, débarque à Censier. Dans les années 60-70, la faculté des lettres y avait ses locaux. Les miliciens armés de couteaux et de 9mm attaquent un meeting d’étudiants. Ils poignardent l’orateur : Elie Lobel, juif israélien. Venu dénoncer « la tare génétique du sionisme ». Attaqué au visage, Lobel se défend avec ses mains. Blessé, en s’enfuyant il titube, et s’appuie sur les murs désormais maculés de son sang. Comme d’autres activistes et sociologues de l’époque, il est rejoint plus tard par les historiens de la nouvelle vague. Ni sionistes, ni antisionistes, ils se nomment désormais « POST-SIONISTE » : Ilan Pappe, Shlomo Sand, Meron Benvenisti, etc. ….

Lobel faisait partie du courant antisioniste de gauche. Des mouvements laïques d’extrême gauche issus du parti communiste ou indépendants comme le Matzpen (1962 -1983) s’opposent à Israël tel qu’il existe aujourd’hui. Les autres courants antisionistes sont ceux des juifs religieux[1].

 

Origine de la 1ère brique du sionisme, le racisme anti-juif européen

Décrite en détail[2] la première brique trouve sa source dans les débats entre intellectuels juifs d’Europe de l’Est. Ils traitent du phénomène du rejet subi par les juifs en Europe. Les sionistes territorialistes, religieux, nationalistes, messianiques … font partie des courants de pensée. Théodore Herzl gagne la bataille. Il cherche un endroit. Il pense à la Palestine. Sa rencontre en 1901 avec le sultan ottoman Abdul Hamid II (1842-1918) capote. Il cherche ailleurs.

Dès le départ, il s’agit d’une histoire de territoire et de colonisation.

Il faut attendre la chute de l’empire ottoman pour la mise en place de la 1ère brique.

De par sa genèse et sa définition, cette brique fondatrice porte le rejet, génère le rejet.

Elle est le rejet.

La 1ère brique, se fissure avec l’USURPATION.

L’idée initiale de « trouver une terre sans peuple pour un peuple sans terre » trompe son monde. Après des tentatives territoriales[3] au Kenya, en Argentine voire au Madagascar, le raciste anti-juif anglais Lord Balfour[4] propose la Palestine. Or en Palestine, sous mandat britannique IL Y A UN PEUPLE. Il s’agit de Palestiniens chrétiens 9%, juifs 6%, musulmans 85%. Cette première brique se fissure depuis le départ.

La 2nde brique creuse la fissure avec la COLONISATION

Cadrée par le plan britannique[5], la colonisation sur le modèle anglais imposé aux irlandais (annexion, éviction, expansion…) la part juive en Palestine passe de 6 à 32% en quinze ans.

La 3ème brique se clive en deux avec la PARTITION

Par suite aux pogroms européens et à la Shoah, l’émigration juive en Palestine et la colonisation plutôt violente s’intensifient. La fin du mandat britannique en Palestine s’approche. La communauté internationale et les sionistes débattent de la suite. Deux options émergent. La première est celle d’un seul état suivi d’un référendum. Perdu d’avance par les sionistes du fait démographique, les Britanniques imposent la seconde solution : la partition.

La 4ème brique se morcelle dans la VIOLENCE

En Juillet 1948, quelques semaines à peine après la création d’Israël, la communauté internationale se rend compte de la tournure violente et expansionniste des milices et de l’armée israélienne. En urgence, l’ONU mandate le suédois Bernadotte pour redresser le tir. Les milices sionistes l’assassinent lui et son adjoint français[6]. C’est le refus clair et net de se corriger en vue d’une coexistence pacifique

Soixante-quinze ans plus tard, décennie après décennie, force est de constater le réflexe génétique de la violence, du crime, voire de la provoquer. Rappelons-nous de l’agression tripartite (FR, IS, GB) contre l’Egypte en 1956, celle de 1967 condamnée par le Gal de Gaulle, puis celui du dopage de la création du Hamas pour casser la dynamique laïque portée par le Fatah, enfin la succession des opérations d’éradication « Plomb durci », etc. .

La 5ème brique s’écrase avec le RACISME & APARTHEID

La notion de Foyer National Juif est le prétexte du projet israélien. Elle induit une double lecture sur la citoyenneté :

  1. En Israël, Les juifs d’abord. Les autres passent en seconde zone[7].

  2. Ailleurs, les juifs ne seront pas des citoyens à part entière comme ils le sont en Israël.

Pour le 2nd point ci-dessus, Rony Brauman citoyen français, Ex Directeur de Médecins sans Frontière (MSF) déclare fin 2023 : « En tant que juif, Israël me met en danger ». Est-ce qu’Israël serait un endroit plus sûr pour Brauman.

Pas sûr !

Pendant l’échec du projet-fiasco de Foyer National juif, R Brauman est sur place à Gaza. Il y soigne et forme des soignants en remplacement de ceux éliminés par Tsahal.

 

Moins de trente ans après la création de l’entité sioniste, la communauté internationale vote la résolution 3379. Elle condamne Israël pour racisme et discrimination raciale.

« United Nations General Assembly Resolution 3379, adopted on 10 November 1975, “Determines that Zionism is a form of racism and racial discrimination” with 72 votes in favour, 35 votes against, and 32 abstentions. » 

 

Intermède « Oslo », l’abandon de l’âme Palestinienne par ses dirigeants

Entre un colonisateur et un colonisé, comment est-il pensable qu’un accord ait lieu, sans que ce soit une capitulation ?

Finalement, c’est ce qui se passe.

Les accords d’Oslo dits de « paix » entre un colonisateur et un peuple colonisé prennent forme.

Pour les faciliter,

  • Le 16 décembre 1991, par la résolution 46/86 du lobby international piloté par les USA et l’Occident, révoque la résolution 3379. Du jour au lendemain, malgré les évidences, Israël n’est ni raciste ni discriminatoire.

  • Les dirigeants Palestiniens abandonnent la lutte armée. Ils s’alignent sur le droit international et la voie de la négociation.

De surcroît, alors que tous les juifs du monde bénéficient du « droit au retour » sur la terre dite « promise », les dirigeants palestiniens osent abandonner le droit au retour de leur Peuple sur sa terre.

La 6ème brique se pulvérise dans l’ERADICATION d’un AUTRE PEUPLE

Les accords d’Oslo et les concessions pharaoniques des dirigeants Palestiniens laissaient présager une modification fondamentale et encourageante israélienne. Bâtir un autre monde avec le peuple autochtone, les Palestiniens. Au contraire, c’est la faillite des manifestations des pacifistes israéliens contre les manœuvres dilatoires de leurs gouvernants, pire leurs politiques colonialistes, expansionnistes.

En moins de quinze ans, début des années 2000,

  • 700 000 colons israéliens illégaux envahissent la Cisjordanie, territoire affecté aux Palestiniens par les accords d’Oslo. A coups de raids meurtriers, d’arrachages d’oliviers, d’expulsion, d’occupation par Tsahal, Israël pulvérise la Cisjordanie.

  • La construction d’un mur : long de plus de 710 km, haut de 8,5m : Il est bien calculé pour empêcher les Palestiniens de circuler, d’exploiter leurs terres, de travailler, de commercer, de se soigner, de se rencontrer … de vivre

  • L’entité sioniste transforme l’autre morceau du « territoire Palestinien », la bande de Gaza, en prison à ciel ouvert. Désormais, depuis Octobre 2023, avec plus de 32 000 civils tués dont plus de 12 000 enfants, cette bande est devenue un cimetière à ciel ouvert.

Tant à Gaza qu’en Cisjordanie, les descendants des victimes des pogroms européens et de la Shoah ont semble-t-il cloné le comportement de leurs propres bourreaux, y compris le cynisme.

 

“Mass killing, the infliction of harm, bodily and mental harm, and the creation of conditions that would make life impossible. This is a jarring reality in Gaza and the scars of this devastation would haunt generations to come.

More than anything else the most striking finding of my report is that Israel has used a humanitarian camouflage. It has intentionally distorted categories of international humanitarian law like Proportionality, Precautions, and Distinctions to justify its genocidal violence against the Palestinian People.”

Francesca Albanese,

Special Rapporteur Human Rights situation in the Occupied Palestinian Territory.

April, 3rd, 2024

Contribution destructrice de l’Occident

Tout du long de ce processus destructeur, l’Occident accompagne. Les USA utilisent l’entité sioniste comme tête de pont au Proche-Orient. La carte ou la Fatwa « antisémite » est brandie dès la moindre critique d’Israël. La France fournit plus de 200 000 munitions de mitrailleuses, et des technologies avancées. Les USA ajoutent 17 milliards de dollars aux 4 milliards habituels par an.

 

La construction du sionisme entame sa dislocation – Que faire ?

Le sionisme a la possibilité de survivre dans le rejet ou de se dissoudre dans un nouveau projet, ambitieux et bénéfique pour tous.

Le parti pris ici est de construire un nouvel horizon pour un état pleinement citoyen dans sa région.

Cela passe par la déconstruction du sionisme déjà en voie de dislocation.

 

Les initiatives pour les sept axes ci-dessus.

  • COMMUNIQUER AUTOUR DE SOI

    • Informer ses proches, voisins, amis et collègues… Dans un silence médiatique assourdissant, Tsahal déshumanisé tue chaque jour 60-100 Palestiniens.

    • Parler vrai à nos amis juifs et leur poser la question “Quelle est la meilleure protection des juifs ? »

  • COACHER LES MEDIAS & PRESSE

    • Dénoncer la fatwa « antisémite » et le Gish Galloping (vidéo Bassem Youssef) auprès des têtes de file médiatique,

    • Les inciter à construire. Activation d’un registre médiatique constructif,

    • Communiquer tous azimuts les rapports de Francesca Albanese (Genocide Anatomy), mandatée par l’ONU, et ceux de la Cour Internationale de Justice,

  • ECLAIRER et TRAITER LE TROU NOIR DU DROIT INTERNATIONAL (Israël)

    • Historique des 70 condamnations pour non-respect du Droit International,

    • Cartographie des plaintes et des poursuites en cours, et identification de celles encore manquantes (pays complices, etc.),

    • Poursuivre Israël pour tous ses crimes,

    • Poursuivre les états et les institutions complices,

  • RENFORCER LE CORPUS PALESTINIEN

    • Encourager les dons aux ONG humanitaires, Unicef, Handicap Int’l, UNHCR, …

    • Relancer l’éducation.

      • Remplacer le corps enseignant et universitaire détruit,

      • Favoriser l’éducation émancipatrice,

      • Ateliers « Organisation & Leadership »,

  • SOUTENIR LES MOUVEMENTS JUIFS DEMOCRATIQUES en ISRAEL et DANS LE MONDE

    • Commencer le recrutement du contingent de coachs, de spécialistes du changement et de thérapeutes,

    • Faciliter la citoyenneté juive au Proche-Orient, en utilisant toutes les approches pour la © DESIONISATION d’Israël,

    • Identifier les « briseurs de cercle vicieux » en vue de l’émergence d’un nouvel horizon ambitieux et bénéfique pour les jeunesses présentes en Palestine,

    • Investir et faire investir dans le projet à créer, celui d’une référence mondiale économique et sociétale,

  • ENRAYER LA MACHINE DE GUERRE ISRAELIENNE

    • Intervenir auprès des entreprises françaises complices du génocide (armement, technologie et investissement bancaire),

    • Faire cesser les transactions en cours. Aider les syndicats et les partis politiques déjà engagés,

    • Stopper l’importation des produits provenant des colonies israéliennes illégales, retirer ceux qui sont déjà sur les étagères des commerces,

    • Demander l’embargo de l’armement français pour Israël,

  • ACTIVER LES LEVIERS POLITIQUES ET INSTITUTIONNELS

    • Interpeller les autorités locales et publiques (Maire, Député, Sénateur…) à propos d’un retrait immédiat des forces d’occupation israélienne de Gaza, de Cisjordanie et de tous les territoires usurpés depuis 1948, voire avant comme Umm Rashrash prise à l’Egypte en 1947 et transformée en Eilat,

    • Demander au CIO, avec le soutien du comité olympique français, de bannir aux JO 2024 le drapeau israélien et de traiter l’équipe israélienne comme celles de Russie et de Biélorussie. En effet, le silence des athlètes russes vis-à-vis de l’Ukraine et celui des athlètes israéliens vis-à-vis de Gaza est du même ordre. Ces silences les rendent complices, respectivement de l’agression russe en Ukraine et de l’éradication du Peuple Palestinien à Gaza,

    • Demander la révocation de la résolution 181 (comme celle N° 3379), du 29/11/1947 à l’ONU, prévoyant la partition de la Palestine mandataire en deux États indépendants et l’internationalisation de Jérusalem et rejetée par les Palestiniens,

Ces sept initiatives démarrent chez soi, autour de soi. Les informations sont disponibles notamment sur le site www.diversite-performance.com et dans le livre prévu au 23 avril prochain.

Les autres initiatives sont à la portée de tout un chacun suivant ses leviers et ses ressources.

Adel Paul Boulad,

Consultant international Diversité & Performance

 

[1] Ma chronique « Judaïsme et sionisme sont incompatibles ». Yakov Rabkin est un de leurs leaders. https://diversite-performance.com/2024/03/03/gaza-judaisme-et-sionisme-sont-incompatibles/

[2] En pages 85-86 du Livre « Palestine. Fin du mécanisme du rejet. Chroniques d’un militant pour un nouvel horizon. ». Avril 2024 ISBN : 978-2-38625-211-2

[3] Pages 87-91 du Livre « Palestine. Fin du mécanisme du rejet. Chroniques d’un militant pour un nouvel horizon. ». Avril 2024 ISBN : 978-2-38625-211-2

[4] Chronique « https://diversite-performance.com/2023/11/09/gaza-au-commencement-il-y-a-eu-ronald-storrs/ »

[5] Idem 4

[6] Assassinat du Comte Bernadotte https://diversite-performance.com/2024/02/12/gaza-inertie-complice-de-loccident/

[7] Pages 260 ; 265-266 du Livre « Palestine. Fin du mécanisme du rejet. Chroniques d’un militant pour un nouvel horizon. ». Avril 2024 ISBN : 978-2-38625-211-2

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