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Gaza, D’un « lieu sans porte », l’ultime libération de Walid Daqqa

Walid Daqqa, un parmi les millions d’otages [1] Palestiniens  

Dans sa politique des petits pas, John Kerry ex Secrétaire d’Etat américain avait en 2014 tenté sans succès de faire appliquer un des accords d’Oslo. Il s’agissait de la libération des prisonniers détenus par Israël avant les accords d’Oslo. Parmi eux, Walid Daqqa. Devant le refus d’Israël d’appliquer les accords signés, Mahmoud Abbas, Pdt de l’Autorité Palestinienne stoppe la poursuite desdits accords.

 

Qui est Walid Daqqa ?

Né en 1961 à Baqa al-Gharbiyye, village palestinien occupé par Israël, Walid décède en détention à Ashkelon ce dimanche 7 avril 2024 après 38 années de réclusion. Torturé et mis à l’isolement à l’occasion, atteint il y deux ans d’un cancer de la moelle osseuse, Israël lui refuse l’accès aux soins.

Walid avait arrêté pour son appartenance à une cellule armée du Front Populaire de libération de la Palestine (FPLP) responsable de l’enlèvement et du meurtre d’un soldat israélien en 1984. Jugé en 1986, il avait alors 23 ans.

« Un lieu sans porte »

C’est ainsi que Walid nommait sa prison.

Fort de cette dénomination, il intègre les contraintes de son enfermement et les transforme en leviers de liberté. La prison lui sert de cadre de liberté. Il s’évade et gagne sa liberté à sa manière.

  • Il écrit des contes, des poèmes et dessine,

  • Il se marie. La cérémonie a lieu en prison,

  • Il donne naissance à sa fille.

Les contes pour enfant[2]

Ses contes narrent les aventures d’un enfant capables de stratagèmes pour se rapprocher d’un père prisonnier. Parmi ses livres publiés et primés dans le cadre de la littérature arabe, il y a le conte du secret du sabre et celui du secret de l’huile (d’olive). Lors de l’écriture ce roman, il réussit à faire sortir son manuscrit. Pour le punir, les geôliers israéliens le placent en cellule d’isolement.

Dans sa préface il ajoute :

« J’écris jusqu’à ce que je sois libéré de prison, avec l’espoir de libérer la prison de moi ».

Le conte du secret de l’huile (d’olive). حكاية سر الزيت

Ce conte sous la forme d’un thriller met en scène un enfant nommé Jude. Son père est dans une prison inaccessible. Jude veut aller à la rencontre de son père. Il a des alliés : des animaux et une potion « magique » à base d’huile[3].

Les animaux alliés de Jude sont Samour le lapin, Ghanfour le chat, Abou Reesha l’oiseau, Abou Nab le chien et Burad l’âne. Jude rencontre les quatre premiers et planifie avec eux le franchissement de la  barrière de séparation.

Chacun remplit son rôle :

Ghanfour, agile, franchit facilement le mur. Il trouve l’endroit à creuser pendant qu’Abou Reesha fait le guet en vol planant. Des tirs claquent au loin. Abou Nab les guide vers une cache. Plus tard, lors d’une discussion avec une femme rencontrée en route Jude réalise qu’il doit refaire son plan.

C’est là que Burad rentre en scène. L’âne facilite la rencontre entre Jude et Um Rami. Cette dernière est vieille de plus de 1500 ans. Intuitive et observatrice elle cumule des siècles de connaissance.

Les autorités israéliennes ont prévu de la déraciner pour la transporter de l’autre côté du mur de séparation pour devenir un décor en bord de route. Um Rami invite Jude à se cacher dans son tronc, le tronc de l’arbre. Elle lui promet qu’une fois passé de l’autre côté elle lui livrera un secret utile à son dessein, le secret de l’olivier….

Est-ce que Jude accèdera au secret tant convoité?

 

La paternité.

Walid incarne ses stratagèmes imaginaires et l’agilité de ses personnages.

Comme pour ses livres, il réussit à faire sortir de prison son sperme pour une insémination artificielle.

Sa femme donne naissance à leur fille Milad, aujourd’hui âgée de quatre ans.

 

Les funérailles de Walid Daqqa

D’après le quotidien Le Monde [4]

                        « ……………..

Depuis le 7 octobre 2023, Walid Daqqa « a été torturé, humilié, privé de visites de sa famille et négligé encore plus qu’avant sur le plan médical. Entre-temps, il a été hospitalisé à deux reprises en raison d’une dégradation de son état de santé », alertait en mars l’ONG Amnesty International, demandant sa libération. Il n’a vu son avocat qu’une seule fois en six mois.

 

Lundi, son frère, Assa’ad Daqqa, a expliqué au journal en ligne Arab 48 que sa dépouille n’avait pas été rendue à la famille, sur ordre du ministre de la sécurité nationale, le suprémaciste juif Itamar Ben Gvir. Ce dernier a écrit sur X dimanche soir qu’il regrettait que Walid Daqqa soit mort naturellement et qu’il aurait préféré le voir condamné à « la peine de mort pour les terroristes ». La police israélienne avait interdit tout rassemblement funéraire et a brutalement dispersé les visiteurs venus présenter leurs condoléances au domicile du défunt à Baqa al-Gharbiyye, dans le centre d’Israël. Cinq personnes ont été arrêtées pour « agression contre un représentant des forces de l’ordre », a fait savoir un porte-parole de la police.

                        ………………… »

 

Tout au long de sa vie Walid aura témoigné de vivacité, d’engagement, d’agilité, de créativité et de création pour une vie digne et équitable.

Que sa mémoire nous soit éternelle !

Comme Walid, depuis 1948, des millions de Palestiniens sont expulsés de chez eux, pris en otage, in fine éradiqués par à-coup.

 

Depuis l’entonnoir s’est resserrer sur deux « têtes de turc ».

Comme le courant alternatif, à tour de rôle Hamas et Netanyahou servent de bouc-émissaire aux discours dits “pacifistes”.

Seule une ambition bénéfique aux jeunesses présentes permettra de dépasser, de surmonter et de se débarrasser des idéologies nocives, sionistes et islamistes. Chacun pourrait observer qu’elles convergent dans le déni de l’autre, dans le rejet et dans la déshumanisation.

Il en résulte une fascisation à 98% de la société israélienne. Réf la journaliste-reporter américaine Abby Martin[5] ce 8 avril 2024. Cliquer ici

Pourtant, au-delà du désir de vengeance, du fascisme et d’indigestion de haines…les populations concernées aspirent à un nouvel horizon !

La démarche est disponible dans la 4ème et dernière partie du livre.

Les sept axes d’action détaillées, cliquer ici, sont en instance de coordination.

Quel rôle vous inspire ?

Adel Boulad,

Consultant international Diversité & Performance

 

[1] En prison fermée, en prison à ciel ouvert devenue cimetière à ciel ouvert à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem Est occupées, en « seconde zone » en Israël même.

[2] Parmi ses romans : « Témoignages de résistance : La bataille du camp de Jénine 2002″ (2004), « La conscience façonnée ou la ré-identification de la torture » (2010), mais aussi des contes pour enfants, notamment « L’histoire secrète de l’huile » (2018), « Le conte secret de l’épée » (2021) ou encore Le conte secret de l’esprit / Le retour des martyrs à Ramallah » (2022). Lors de la publication de son dernier livre pour enfant, « Le secret du pétrole ». En évoquant sa relation avec sa fille Milad, il écrit un poème intitulé « Un lieu sans porte » :

[3] En Palestine, l’olivier et son huile font partie avec le laurier, le cactus et l’oranger des symboles culturels et populaires palestiniens.

[4] https://www.lemonde.fr/international/article/2024/04/09/l-ecrivain-palestinien-walid-daqqa-meurt-en-detention-en-israel-apres-trente-huit-ans-de-prison_6226785_3210.html

[5] Interview par Ash Sarkar sur la chaine TV Novara Media

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