«… c’est Ramadan … je jeûne, en plus nous sommes vendredi, je ne viendrai pas au prochain workshop ».
C’est Marwan, l’air à la fois sérieux et désolé. Marwan est le patron de la filiale de Cisco Systems en Arabie Saoudite. Les projets y sont grandioses. Il s’agit d’équiper tout le pays avec des équipements internet. Il y en a pour des millions de dollars. Marwan avec d’autres patrons de filiales s’est joint à un séminaire de performance et de leadership convoqué par le vice-président Emerging Markets. Il y a : un Grec, un Turc, un Russe, un Tchèque, un Israélien, un Libanais, un Iranien, un Sud-Africain, un Polonais et Marwan le Saoudien. Il s’agit pour eux de se connaître, de développer des relations professionnelles fortes, de s’accorder pour un plan de réussite régional, avec des services communs, des partenariats croisés, des délégations de service…
L’enjeu est de taille. Aucun d’entre eux n’est auto-suffisant, la réussite individuelle dépend du collectif et réciproquement. Ils ont parcouru des milliers de kilomètres pour converger à Royaumont et produire, en trois jours week-end compris, une feuille de route commune et partagée.
Pour ma part, c’est un défi.
Un mois après le lancement de mon activité de coaching en Mars 2001, c’est le 1er séminaire international d’envergure pour une grande entreprise leader avec un chiffre d’affaires de près de vingt milliards de dollars. Leur patron régional m’a confié le séminaire à des fins de résultats opérationnels concrets.
L’enjeu est important : fiasco ou référence ?
Que faire de la demande … du dictat de Marwan ?
Parce que je sais qu’en Islam il y a des dispenses, je gagne du temps et je sauvegarde la fierté de Marwan en le sortant par le haut dans une conversation de cinq minutes, en arabe.
L’autre solution aurait été de le confronter à ses collègues pour qu’ils échangent sur l’impact de sa revendication sur l’organisation collective de leur feuille de route et sur une solution acceptée par tous. Durée probable 45 – 60 minutes.
Comment, en cinq minutes ?
العمل عبادة
(al aamal eebada) « Le travail est du culte »,
Marwan sourit.
Cette expression, courante dans la culture musulmane, fait référence au dogme islamique. Ces textes détaillent les facilités et autres dispenses accordées en Islam, notamment en termes de report des obligations religieuses. Voir les références dans l’article :
«Les dispenses islamiques au service d’un irrésistible projet sportif, culturel et éducatif »,
Je lui demande alors ce qu’il est venu faire dans ce séminaire : se planquer avec le prétexte du Ramadan malgré les dispenses, ou s’accorder avec ses collègues pour un plan de réussite commun.
Il opte pour la réussite commune et l’application des dispenses islamiques.
Depuis, nous sommes devenus de grands amis. Un an plus tard, il me reçoit chaleureusement à Riyadh. Il réussit dans son job, et devient un grand patron saoudien.
Les dispenses en Islam sont nombreuses, notamment la possibilité de décaler les heures de prière, les alternatives financières au jeûne, les droits du musulman en voyage, en mission.
S’il est utile pour un dirigeant ou un cadre de savoir qu’il y a suffisamment de dispenses en Islam pour que le musulman vive sa foi sans impacter les processus de l’entreprise, il est de son rôle de rappeler qu’en entreprise, seul le projet commun compte avec à la clé la performance et la réussite du collectif.
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Quand un salarié musulman n’utilise pas les dispenses dont il dispose, par quel projet est-il intéressé, celui de l’entreprise ou un autre ?
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Dès lors qu’un salarié impose en entreprise des pratiques exogènes, est-ce que le projet qu’il porte est compatible avec celui de l’entreprise ? Est-ce un atout compétitif pour une dynamique de groupe performante ?#performance #diversité #fait religieux #teambuilding #prosélytisme #climat social #vivre ensemble #coaching #leadership #entrisme
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