Objet : demande d’arrêt du jumelage de la ville d’Antibes avec Eilat (Israël)
Monsieur le Maire, M Jean Leonetti,
Récemment installé à Antibes, et inscrit sur les listes électorales depuis ce printemps, j’ai l’honneur de solliciter l’arrêt du jumelage de notre ville avec celle d’Eilat.
Comment ce jumelage en termes touristique, artistique et économique pourrait-il s’affranchir d’un contexte historique, humanitaire et sociétal calamiteux ?
Un jumelage avec une ville israélienne me semble être de facto une complicité et une reconnaissance d’un fait accompli illégal, résultant d’une attaque meurtrière, voire un massacre par les milices sionistes et par Tsahal.
(réf l’émissions RFI-Culture[1], la bande annonce du film documentaire israélien Tantura[2], la liste établie par le site israélien DE COLONIZER [3] à propos des massacres à l’encontre des Palestiniens)
En effet,
1. Eilat résulte de l’annexion illégale du port égyptien Omm Rash Rash le 10 mars 1949, et ce malgré la résolution du Conseil de sécurité sur le cessez-le-feu. C’est une des toutes premières violations du Droit International par Israël. Il y en aura 71 avec autant de condamnations, sans effet.
(Voir l’article publié par le quotidien Le Monde du 30 mai 1967, [4])
2. Le monde se soulève contre la politique israélienne de colonisation, Eilat en est une des premières illustrations. Ce soulèvement est autant lié à la politique coloniale du gouvernement actuel que celle de tous les gouvernements précédents, de droite ou de gauche.
La motivation est démographique.
Elle est l’application du Commandement N° 40 dicté par Ben Gourion le 25 novembre 1948 [5]: « chassez, expulsez, tuez ». L’objectif est de se « débarrasser » par tous les moyens des autochtones Palestiniens pour préserver la judaïté de l’état.
3. L’idéologie sioniste a abouti en 1948 à la création d’un état, Israël pour les juifs tout en excluant les indigènes palestiniens. C’est l’aboutissement du “Plan de Partage” préconisé par les Britanniques, puissance mandataire.
Plan adopté sous la pression sioniste, qui refusait l’autre proposition, nommée « Plan pour un Etat ». Ce “plan” soumettait la gouvernance à un référendum risqué, car avec une démographie dominante, il aurait été certainement en faveur des Palestiniens.
C’est le démarrage d’une injustice structurelle.
Cette injustice est depuis 1948 le ferment actif des inévitables échecs du sionisme : échec colonial, échec militaire, échec sécuritaire, échec démographique, échec sociétal, échec régional, échec de citoyenneté…
Les échanges sociaux culturels, et le partage de valeurs avec une ville résultant d’une injustice structurelle, envoie un message profondément négatif, à l’encontre même des principes et objectifs du jumelage de villes et peut difficilement se justifier.
Plutôt qu’un “jumelage”, le meilleur moyen d’aider Israël à sortir de son impasse infernale serait de l’aider à :
Faire son devoir de mémoire,
Reconnaître ses torts,
Juger ses criminels,
Indemniser les Palestiniens lésés depuis 1948,
Œuvre en vue de fonder un nouvel État digne de ce nom, avec les Palestiniens.
Dans l’attente de votre retour,
Avec ma meilleure considération,
Adel Paul Boulad,
Auteur du livre, « Palestine, fin du mécanisme du rejet. Chroniques d’un militant pour un nouvel horizon. »