En résumé, les « arabes » sont occupés à leurs propres drames.
Avant d’être « arabes » ils sont tribaux, ethniques : syriens-chaldéens, libanais-phéniciens, égyptiens, libyo-cyrénaïques, tuniso-carthaginois, etc. Chacun dans sa tribu avec des résidus de civilisation. En excluant les arabes-chrétiens et les arabes-juifs, leurs seuls points communs sont l’arabe littéraire, pas le dialecte, et surtout l’islam.
Ils vivent dans des pays d’émigration, sous des régimes autoritaires, à fort taux de corruption. Les sociétés y sont fortement islamisées très attachées aux traditions, voire rétrogrades. Les femmes y ont une place secondaire.
Leurs économies sont plutôt corrompues et déséquilibrées. Certaines majeures sont exsangues sous tutelle du FMI ou de prêts de pays amis, les pays pétroliers, les pays gaziers.
Les pays « arabes » en réussite représentent moins de 5% de l’ensemble. Ils sont ceux qui, profitant encore de la manne pétrolière et gazière, se hâtent pour se diversifier et mettre leurs populations au travail. Les rares pays arabes riches investissent en … Europe, à Paris. Ils le font sur des cibles à haut rendement : les hôtels de luxe, les clubs de football, les start-ups à haut potentiel, etc.
En Egypte, pays de 106 millions d’habitants, les Emiratis, les Koweïtis, les Qataris, les Saoudiens achètent des territoires, des aéroports, … les joyaux de la pharaonne. Ils profitent de la faiblesse endémique égyptienne : économie, démographie, alphabétisation, monnaie, etc. Les revenus en devises du Tourisme et du Canal de Suez sont à 50% de leur performance habituelle. Le pays est endetté, No2 derrière l’Argentine sous tutelle du FMI.
Face à la livre égyptienne l’Euro pétarade depuis plusieurs mois à 65 L.E. Début mars 2024, en moins de trois jours, l’Euro chute à 45 L.E. Et pour cause suite aux cessions de territoires égyptiens, la Banque Nationale a injecté ce qu’il fallait. Vingt-quatre heures plus tard, le taux de change flottant remonte l’euro à 53 L.E. C’est une dévaluation de fait.
“A combien avons-nous vendu la Palestine”
Ce mardi 5 mars au Caire, dans un rassemblement hétéroclite et une ambiance plutôt méfiante, une discussion va bon train.
« Alors, Ras El Hekma… ça rapporte combien à l’Egypte ? »
« 4 – 5 –….35 milliards de dollars ? »
Ras El Hekma est sur le littoral nord de l’Egypte, en bordure de la Méditerranée, à l’Ouest d’El Alamein. L’Egypte prévoit aussi la vente d’un territoire entre Marsa Matrouh et la frontière libyenne, et un autre à Ras Gamila, au nord de Sharm El Sheikh sur la mer Rouge. Les Saoudiens sont sur les rangs.
« Dix milliards viennent d’apparaître, les travaux du monorail ont repris,… d’où vient cet argent… ? »
« Et combien va-t-on recevoir pour la mer Rouge ? »
« Le kilo de bananes est passé de 23 L.E. à 15 L.E. en moins d’une semaine »
« Le sucre, c’est pareil … mais pourquoi n’y en a-t-il pas sur le marché ?.. »
« le ticket de métro est passé de 1 L.E. à huit en à peine deux ans… l’inflation… »
« Pourquoi tu me parles de l’Ukraine, à part le blé on n’achète rien chez eux … »
« ça monte, ça descend… qui pilote tout ça… »
….
A un moment, je lance :
« Au fait, à combien avons-nous vendu la Palestine?»
Un silence de plomb s’installe.
Du fond du groupe, une timide et honteuse réponse émerge « il y a longtemps déjà nous l’avons vendu… ».
J’insiste.
Je fais référence à la phase de liquidation en cours à Gaza. Alors que Tsahal bloque des centaines de camions de ravitaillement, sous couvert d’aide humanitaire, Biden annonce un port « temporaire et humanitaire ». à Gaza nord. Avec 35 000 tonnes de bombes, et 35 000 Palestiniens tués, en 3 mois Tsahal a terminé les travaux de terrassement de la zone logistique. C’est juste face au futur port. Cette implantation, fait accompli israélien, un de plus, fait partie du Plan Abraham concocté par D Trump.
« Si on l’ouvre, les américains stoppent notre dotation annuelle, un milliard et demi de dollars… » ; « Leur protection en mer Rouge facilite le transit par le Canal de Suez…. ça vaut bien 4-5 milliards de dollars ».
Soumission et impuissance
Le silence égyptien pour Gaza vaut donc environ 6 milliards de dollars.
Sauf l’exception d’un parti nanoscopique, dans les rues et les stades égyptiens, il n’y a ni keffieh, la coiffe Palestinienne, ni drapeau Palestinien.
Depuis 1948, les « arabes » ont failli à leur solidarité de voisinage.
Aujourd’hui, ils sont plus soumis que jamais à leur propre sort et aux puissants de ce monde. Culturellement fatalistes…ils en appellent au bouc-émissaire de service.
Ils confient à Dieu leur propre destin et celui plus tragique des Palestiniens.
Le silence égyptien pour Gaza vaut donc environ 6 milliards de dollars.