
Le monde des états, à contrario de celui des peuples, assiste sans trop broncher à l’extermination du Peuple Palestinien. Cela se déroule depuis 77 ans, avec une accélération depuis 2023 pour un génocide en Mondovision.
Avec celles de « Résilience », « Résistance », une autre expression émerge « le sacrifice du Peuple Palestinien ». Cette dernière expression salue la lutte héroïque de ce peuple ; néanmoins elle acte sa fin, une sorte de capitulation.
Comment lire ce sacrifice éventuel, aurait-il un sens ?
QUELS SONT LES JUSTIFICATIONS DES SACRIFICES DANS LES TRADITIONS & RELIGIONS ?
Les exemples ci-après illustrent les justifications, autrement dits les bénéfices tirés par les auteurs du sacrifice.
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Le Sacrifice d’Isaac (Akédah) – Le Bénéfice de l’Obéissance Suprême et de la Providence
Dans la Genèse (Ancien Testament / Torah), Dieu demande à Abraham de lui sacrifier son fils unique, Isaac. Abraham s’apprête à obéir, mais un ange l’arrête au dernier moment, substituant l’enfant par un bélier.
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Le Sacrifice d’Iphigénie (Mythologie Grecque) – Le Bénéfice du Salut Collectif
Dans la légende de la guerre de Troie, la flotte grecque est immobilisée à Aulis par des vents contraires envoyés par la déesse Artémis. Le devin Calchas révèle que pour apaiser la déesse et permettre le départ, le chef Agamemnon doit sacrifier sa fille, Iphigénie.
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Les Sacrifices Humains Aztèques – Le Bénéfice Cosmique de la Continuité du Monde
La civilisation aztèque pratiquait des sacrifices humains à grande échelle, souvent en arrachant le cœur de la victime offerte aux dieux.
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Le Sacrifice du Roi (Traditions Anciennes) – Le Bénéfice de la Fertilité et de l’Ordre Social
Un thème mythique répandu (par exemple, le dieu Osiris en Égypte ou le concept du “roi doit mourir”) est celui du souverain dont la mort ou le sacrifice assure la fertilité des terres et la prospérité du royaume.
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Le Sacrifice du Christ (Christianisme) – Le Bénéfice du Salut Universel et de la Rédemption
Pilate relâcha Barabbas, et après avoir fait flageller Jésus, il le livra pour qu’il soit crucifié. (Évangiles)
Les bénéfices énoncés pour les susdits sacrifices sont respectivement de :
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Apaiser une divinité ou restaurer un ordre cosmique.
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Obtenir un salut collectif ou une victoire.
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Sceller une alliance ou prouver une dévotion absolue.
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Assurer la continuité du monde (cycle du soleil, fertilité).
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Expier des fautes et obtenir une rédemption spirituelle, rendre obsolètes les anciens rites sacrificiels.
SACRIFICE RITUEL ET SACRIFICE D’UN PEUPLE
Distinguons le sacrifice rituel de celui sous-jacent à un génocide ou à un ethnocide lié ou non à une conquête militaire.
Le 1er est un acte symbolique, souvent codifié par une croyance. Réf les exemples précédents, il est destiné à obtenir un bénéfice spirituel ou cosmique.
Le 2nd résulte de processus historiques, politiques et économiques. Leur dessein est l’élimination physique ou culturelle d’un groupe pour s’emparer de ses terres, de ses ressources ou pour imposer une domination.
Pour cette seconde catégorie, nous avons beaucoup d’exemples dans l’histoire de l’humanité. Prenons les cinq cas ci-après, en ayant en toile de fond le cas Palestinien.
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Les Peuples Autochtones d’Amérique du Nord (“Indiens d’Amérique”)
Conquête territoriale, guerres, déplacement forcé (comme la “Piste des Larmes”), massacres (comme celui de Wounded Knee), et introduction de maladies qui ont causé des dizaines de millions de morts.
Les peuples autochtones étaient considérés comme des “sauvages” non chrétiens, dont le mode de vie était un obstacle au “progrès” et à la mise en valeur des terres.
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Les « Herero » et les « Nama » dans le Sud-Ouest Africain (Namibie) par l’Empire Allemand (1904-1908)
De nombreux historiens le considèrent comme le premier génocide du XXe siècle. Après un soulèvement, les troupes allemandes ont conduit des milliers d’Herero et de Nama dans le désert du Kalahari où ils sont morts de soif. D’autres ont été placés dans des camps de concentration.
Des théories raciales classent les peuples africains comme inférieurs. La logique coloniale impériale considère la domination européenne comme un droit et une mission civilisatrice.
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Le Génocide des Arméniens dans l’Empire Ottoman (1915-1916)
Les déportations massives, les marches forcées dans le désert et les massacres systématiques ont causé la mort de 1,2 à 1,5 million d’Arméniens.
Les jeunes turcs alors au pouvoir ont pour ambition de construire un Etat nation turc homogène (panturquisme). Ils choisissent d’éliminer les minorités non turques et non musulmanes perçues comme une menace.
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La Shoah (Génocide des Juifs et d’autres groupes par le régime Nazi)
C’est l’industrialisation de l’extermination systématique des Juifs d’Europe, ainsi que des Roms, des Slaves, des handicapés et d’autres groupes dans des camps d’extermination.
L’idéologie nazie vise à “nettoyer” biologiquement le corps de la nation allemande et de l’Europe des éléments considérés comme “parasitaires” ou “dégénérés. De surcroît, la destruction des populations slaves et juives de l’Est est une étape pour conquérir des territoires au profit du peuple allemand.
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Les Rohingyas au Myanmar (21ème siècle)
L’armée birmane mène des opérations militaires de “nettoyage ethnique”, destruction de villages, massacres, viols systématiques et expulsion forcée de centaines de milliers de personnes vers le Bangladesh.
Les nationalistes birmans au pouvoir considèrent les Rohingyas comme des immigrants illégaux du Bangladesh. Ils les présentent comme une menace terroriste et démographique pour la majorité bouddhiste et l’identité birmane.
Les expressions mises en italique dans le texte ci-dessus se retrouvent dans la logique coloniale et le vocabulaire sioniste à propos de ceux qu’ils nomment « arabes » « animaux humains » « terroristes » au lieu de Palestiniens.
IN FINE QUELLES ONT ÉTÉ LES CONSÉQUENCES « UTILES » DE CES GÉNOCIDES ?
En tentant de donner un sens à postériori à l’indicible, cela s’apparenterait à une sorte d’apprentissage dans la douleur d’un monde qui progresse dans son humanisation. Les éléments concrets de cette humanisation sont :
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La création du droit International et des lois contre le génocide
Le cas Arménien a permis dès 1915 la qualification de “crime contre l’humanité et la civilisation” et de poser les bases juridiques et morales. Dans les années 40, et par suite des atrocités de l’Holocauste, Raphael Lemkin, un juriste polonais d’origine juive, forge le concept de “génocide”. Cela donne naissance à la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide (1948).
Cela n’empêche pas les états, notamment la France, de ne pas l’appliquer pour le cas Palestine.
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La prise de conscience des mécanismes.
Il ne s’agit plus d’explosion sauvage. Nous sommes en présence de bureaucrates, et fonctionnaires qui mettent froidement des méthodes modernes, technologiques et industriels au service d’idéologies criminelles.
Cela n’empêche pas l’armée coloniale israélienne de déployer en mondovision ses technologies de pointe et protocoles génocidaires en Palestine occupée : Eiland (starvation for extermination), Dahiyya (Destroy neighborhood and civils as dissuasion), Hannibal (kill all, hostages included), Blue Wolf (eyes check for kill), Lavender & “Where is Daddy?” (AI matrix for automatized and focused kill), Gospel (same as Lavender dedicated to living infrastructure)… voir chronique D&P, cliquer ici
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La reconnaissance des droits des peuples autochtones et la critique du colonialisme
Bien tardivement, après l’élimination de peuples comme en Namibie, il y a une remise en cause profonde du récit colonial civilisateur. Des survivants de ces peuples quasi éliminés portent des mouvements pour les droits civiques et la souveraineté autochtone. Certains comme le Canada crée des commissions de vérité, de réconciliation (voire de réparation.
Cela n’empêche pas la colonisation de la Cisjordanie, l’arrachage de 10 000 oliviers pour implanter 50 000 colons illégaux à Jérusalem Est, ni le déni de droit au retour pour les Palestiniens chassés de chez eux, ni…, ni …
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L’alerte sur les dynamiques contemporaines de la haine.
Réf le cas des Rohingyas, la désinformation et la haine propagée sur les réseaux sociaux peuvent être utilisées comme des armes de destruction massive pour déshumaniser une minorité.
Cette alerte n’empêche pas la déshumanisation des Palestiniens sur les écrans (TV, smartphones, etc.) et dans les yeux israéliens.
Cette prise de conscience ne renforce pas les mécanismes internationaux (ONU, Cour Pénale Internationale) aujourd’hui trop faibles pour empêcher un crime en temps réel, notamment en Palestine occupée.
Le bilan des conséquences est questionnable. L’apprentissage de l’humanité s’avère être ni automatique, ni garanti, ni une consolation. La répétition de crimes similaires montre que l’humanité oublie souvent ses propres leçons. Est-ce que les générations suivantes pourront en tirer les bonnes conclusions et à en faire le fondement d’un monde plus juste ?
Le “sacrifice” palestinien, s’il devait être reconnu rétrospectivement comme un tournant, ne le sera pas à cause de la souffrance elle-même. Il le sera uniquement si cette souffrance devient le catalyseur incontournable qui a forcé le monde à :
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Affronter ses contradictions morales et juridiques, réf Système International et du “Double Standard
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Ajuster l’éthique du journalisme en temps de guerre, la régulation des réseaux sociaux, et la manière dont les citoyens du monde consomment et vérifient l’information provenant de zones de conflit.
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Imaginer une nouvelle voie vers la paix, basée sur l’égalité des droits plutôt que sur la domination.
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Réformer ses institutions pour qu’elles servent réellement tous les peuples, sans exception.
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Redéfinir les concepts de sécurité et de Justice. Pas de sécurité sans équité !
EN ATTENDANT … QUE FAIRE ?
Avoir foi en l’humanité n’est pas une croyance passive en une bonté innée de l’humain. C’est une foi active et lucide, nourrie par la conscience même de notre capacité à commettre l’irréparable. Cette foi grandit et se nourrit de l’action.
Fini le temps des « trop compliqué », « trop de haine », « ça me gonfle », « c’est le karma », « ce n’est pas mon problème » …Et bien si ! La cause Palestinienne n’est ni celle de l’Autorité Palestinienne, ni celle des Pays Arabes, mais celle de l’Humanité.
Le problème est parti d’ici en occident, cette Europe qui dès 1917, a déporté ses juifs en Palestine. L’Europe est la source du drame, il faut traiter la source, ici en Europe, en France.
Il n’est plus question d’attendre la Paix pour faire, mais de FAIRE VENIR LA PAIX en prenant l’initiative de :
1. Se documenter rigoureusement :Lire des historiens israéliens (Ilan Pappé, Benny Morris) et palestiniens (Rashid Khalidi), suivre des journalistes investiguant sur le terrain, s’informer via des organismes de droits humains (Amnesty International, Human Rights Watch, B’Tselem).
2. Partager avec nuance :Utiliser ses réseaux pour partager des sources fiables, des analyses contextuelles, et corriger les fausses informations avec calme et fermeté. Expliquer pourquoi des termes comme “apartheid” ou “génocide” sont utilisés par des experts en droit international sans les vider de leur sens.
3. Interpeller ses représentants politiques, écrire à ses députés, sénateurs, ministres et les rencontrer pour exiger :
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Un embargo total à l’encontre d’Israël,
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La garantie de l’accès total et sans entrave à l’aide humanitaire, aux commissions d’enquête, à la presse française et internationale,
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La rupture des relations diplomatiques avec Israël, violeur multirécidiviste du Droit International, et l’expulsion de son ambassadeur en France,
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L’arrête définitif des échanges UE et ISRAËL (avec ou sans privilège),
4. Intervenir auprès des Fédérations sportives, Associations culturelles, Forums financiers et économiques, etc. pour exclure l’entité sans frontière et génocidaire de toute instance internationale économique, politique, financière, culturelle, sportive…
5. Soutenir l’insurrection juive humaniste mondiale, adhérer à l’UJFP en France,
6. Soutenir les actions en justice des ONG spécialisées (Amnesty, FIDH, LDH) qui ont les ressources et l’expertise pour monter des dossiers solides devant les juridictions nationales et internationales (Cour Pénale Internationale),
7. Participer aux mobilisations citoyennes : Les marches pacifiques, les rassemblements et les vigiles montrent aux dirigeants que l’opinion publique est attentive et exigeante. Cela donne aussi une visibilité cruciale à la cause,
8. Soutenir financièrement l’aide humanitaire : Faire des dons à des organisations réputées comme le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Médecins Sans Frontières (MSF), ou le UNRWA (qui joue un rôle vital malgré les controverses) pour soulager les souffrances immédiates,
9. Soutenir les organisations de la société civile : Soutenir des ONG israéliennes (ex : B’Tselem, Breaking the Silence) et palestiniennes (ex : Al-Haq) qui se battent pour les droits humains et documentent les violations, souvent au péril de leur sécurité,
10. Utiliser le droit de porter plainte en tant que citoyen pour crimes internationaux, même si la route est longue, pour contribuer à la construction d’un dossier juridique mondial. Poursuivre les gouvernants là-bas et ici, et les complices ici [1] ,
9. Distinguer clairement la responsabilité morale (faire pression sur le clergé, les élus, les entreprises par la mobilisation citoyenne) de la responsabilité pénale individuelle, et agir en conséquence,
10. Rappeler inlassablement au gouvernement ses obligations en vertu de cette Convention 1948 qu’il a ratifiée.
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Exiger une cohérence entre les principes affichés (défense du droit international) et les actions menées (suspension des ventes d’armes, soutien ferme à la CIJ et à la CPI),
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Soutenir les recours juridiques intentés par des ONG pour obliger l’État à suspendre les exportations d’armes, fondés sur ce devoir de prévention,
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11. Alerter sur l’apartheid meurtrier en Cisjordanie. Continuer de parler de la violence des colons, des démolitions de maisons, et de l’expansion des colonies qui rendent toute solution, autre que l’exode, de plus en plus impossible,
12. Bâtir l’après, maintenant, en mobilisant la Société Civile ici, en France. Souligner l’absence total d’avenir et l’absence de constitution d’un état devenu paria mondial, génocidaire. Pousser pour des discussions sur un plan de paix crédible qui implique les peuples concernés. Un plan fondé sur l’égalité des droits, la sécurité pour tous et la justice, et non simplement sur la gestion perpétuelle du conflit.
Adel Paul Boulad,
Consultant International Diversité & Performance
Président de MEDJOR, Francophones pour la transformation du Levant, (Association Loi 1901),
www.medjor.net
Auteur de,
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« MEDJOR, notre combat », cliquer ici https://www.publishroom.com/sciences-politiques/1727-54041-medjor-notre-combat.html
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« Palestine, fin du mécanisme du rejet. Chroniques d’un militant en vue d’un nouvel horizon » cliquer ici , https://www.publishroom.com/librairie/1261-palestine-fin-du-mecanisme-du-rejet-chroniques-d-un-militant-pour-un-nouvel-horizon-de-adel-paul-boulad.html