
Qui peut voir sans l’aide d’un miroir, la chose la plus proche de ses propres yeux, les cils ?
Comment aider les Israéliens à voir ce les choses la plus proche de leurs yeux :
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Les Palestiniens,
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L’occupation effective de toute la Palestine,
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La gestion chaotique de 5 millions de Palestiniens sous leur juridiction avec quatre statuts différents,
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Le rejet des voisins,
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Leur image dégradée,
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L’absence d’avenir pour leurs enfants.
Ce changement de regard sur l’autre, permettrait aux Israéliens d’envisager un nouvel état non exclusif et de :
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Transformer les défis présentés comme existentiels (Démographie, Eau, Ressources énergétiques) en atouts du nouvel état,
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Devenir citoyen régional, avec une relation bénéfique avec les voisins et par conséquence de jouer au football et autres sports avec ses voisins, s’intégrer aux organismes internationaux notamment le FPEG, Forum des Pays Exportateurs de Gaz, de signer l’accord de non-prolifération atomique, de se conformer aux décisions de la CIJ, …),
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Créer une nouvelle gouvernance intégrée et intégrant toutes les ethnies présentes, les ethnies juives, les minorités et les populations non-juives,
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Adopter une Constitution du nouvel État, intégrant les transformations ci-dessus
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Définir les critères du nouvel état envers les investisseurs, partenaires
APPORT DE LA SOCIOLOGIE – Monique Hirschhorn
L’article ci-dessous de Monique Hirschhorn publié le 14 février dernier par le quotidien sud-ouest déroule une logique sociologique.
Monique Hirschhorn a enseigné la philosophie en lycée (Chartres, Monastir) et la psychopédagogie à l’École normale d’instituteurs de Tours. Après avoir soutenu un doctorat d’État en sociologie, Elle a successivement été assistante à l’université de Tours, maître de conférences à l’université d’Orléans, professeure à l’université de Toulouse Le Mirail, et élue en 1995 à l’université Paris Descartes. Désormais Professeur émérite de Sociologie depuis 2009, Monique Hirschhorn mène des recherches sur l’histoire de la sociologie, sur son évolution et au rôle qu’elle peut jouer.
De nombreuses publications jalonnent son parcours de sociologue.
L’article ci-dessous initialement publié sur The Conversation[1] a été co-écrit avec Elena Qleibo, anthropologue, spécialiste de la Palestine[2]
ARTICLE « ISRAËL-PALESTINE : LA SOLUTIONS DE L’ÉTAT UNIQUE »
Un État israélo-palestinien unique représente une possibilité crédible, à condition que des concessions importantes soient faites de part et d’autre
Une issue positive au conflit israélo-palestinien est-elle possible ? La réponse que Donald Trump vient d’apporter à cette question – transformer la Bande de Gaza en « Riviera » tout en relogeant les 2 millions de Gazaouis [3]dans « de belles maisons » en Égypte et en Jordanie – a suscité une condamnation unanime du monde arabe et plongé la communauté internationale dans la perplexité. Aussi indécente et irréaliste qu’elle soit, cette idée met en évidence l’incapacité de la diplomatie internationale, comme si l’échec des accords d’Oslo (1993) et des tentatives qui ont suivi avait entravé définitivement l’imagination politique.
Or une autre solution existe qui, comme le rappelait Edward Saïd dans un article paru en 1999 [4], avait déjà été proposée, avant même la création de l’État d’Israël, par des intellectuels juifs parmi lesquels Judah Magnes, Martin Buber ou encire Hannah Arendt… et que vient de reprendre à son compte, en 2024, l’historien israélien Shlomo Sand, dans Deux peuples pour un État [5]. C’est celle de la création d’un seul État dans lequel vivraient ensemble Israéliens et Palestiniens. Une solution, qui, si l’on analyse la situation israélo-palestinienne actuelle d’un point de vue sociologique, est non seulement envisageable, mais réaliste.
L’État unique est viable
Il suffit en effet de regarder les cartes d’Israël et des territoires palestiniens [6]pour se rendre compte que le développement ininterrompu de la colonisation en Cisjordanie a rendu quasiment impossible la solution à deux États, laquelle posait aussi le problème de l’absence de continuité géographique entre la Bande de Gaza et du partage de Jérusalem.
En revanche, en l’état actuel, le pays constitué par la réunion d’Israël et des territoires palestiniens, y compris Gaza, est viable. Avec environ 15 millions d’habitants, il aurait, sur un territoire dont la superficie (27 555 km) est à peine inférieure à celle de la Belgique, une densité de population (544) légèrement supérieure à celle du Liban et bénéficierait d’une population jeune qui pourrait contribuer à son développement économique.
La société israélienne est déjà une société multiculturelle
Ce nouvel État serait bien évidemment multiculturel, mais au regard de ce qu’est déjà la société israélienne, c’est un bouleversement moins radical qu’on pourrait le penser, car la population israélienne est déjà une population multiculturelle.
Elle comprend en effet, selon les statistiques officielles du Central Bureau of Statistics, plus de 21 % d’Arabes israéliens (dont une petite partie de chrétiens, de druzes et de Bédouins), descendants des Palestiniens autochtones. Même si, le plus souvent, ils n’habitent pas les mêmes villes que les Israéliens – le cas de villes mixtes comme Haïfa est peu fréquent –, ni les mêmes quartiers, même si leur niveau de vie est très inférieur à celui du reste de la population israélienne et s’ils sont confrontés à de nombreuses discriminations, ils ont encore, comme l’ont voulu les fondateurs d’Israël en créant un État juif et démocratique, le droit de vote et sont représentés au Parlement (à eux deux, les partis arabes Hadash-Ta’al et Ra’am disposent actuellement de 10 des 120 sièges de la Knesset).
Quant à la population israélienne non arabe, elle est elle-même multiculturelle, car constituée par des vagues successives d’immigrants qui ne parlaient pas les mêmes langues, n’avaient pas la même culture, ne se sont pas insérés de la même manière. Pour mémoire, de la fin du XIX siècle jusqu’en 1948, sont arrivés des Juifs d’Europe fuyant les pogroms et les régimes fascistes ; après la création de l’État, des Juifs du Moyen-Orient et des rescapés de la Shoah ; dans les années 1950, des Juifs du Maghreb, venus en majorité du Maroc ; dans les années 1960, des Juifs d’Union soviétique, qui seront encore plus nombreux après la chute de celle-ci dans les années 1990, et auxquels s’ajouteront même, entre 1983 et 1991, un petit nombre de Juifs éthiopiens, les Falachas ; enfin, jusqu’à maintenant, des Juifs venant de Russie, d’Ukraine, de France, des États-Unis…
Le président d’Israël, Isaac Herzog, lors d’une cérémonie commémorative à la mémoire des Juifs éthiopiens qui ont péri sur le chemin d’Israël, 28 mai 2022.
Haim Zach/GPO