
Le 7 octobre 2023, la doctrine « Hannibal » s’applique massivement à Gaza, y compris dans les kibboutz attaqués par le Hamas, et sur la route entre la Rave Party et Gaza. Il s’agissait de limiter le nombre d’otages. Il y a notamment les militaires enlevés, détenteurs d’informations. L’autre doctrine, « Dahiya », s’active aussi. Il s’agit de raser les quartiers civils, dès le moindre soupçon d’une présence de milices armées.
Le 1er octobre 2024, au sud-Liban et à Beyrouth la capitale libanaise, Israël active « Dahiya » avec un score de plus de 2300 civils tués et des milliers de blessés, et un million de réfugiés jetés sur les routes en direction du Nord du Liban.
De surcroît, Tsahal innove avec d’autres manières autrement destructeurs[1].
La mise à zéro de la pêche, de l’agriculture, de l’élevage, la destruction des moyens de vie, etc. prépare la mainmise sur le sud-Liban sur les gisements gaziers, sur l’eau du Litani et sa source au Mont Hermon, et ce avec un minimum de victimes … israéliennes.
Ce 7 octobre 2024, Tsahal tue 56 civils gazaouis réfugiés dans les décombres d’une école. Il y avait un soupçon de présence de miliciens Palestiniens. La semaine dernière l’attaque israélienne près de l’hôpital Al Shiffa provoque un incendie. Le feu brule des soignants et des malades sur leur lit, tubes de perfusion pendants, le tout sous des tentes. En effet, à Al Shiffa les bâtiments sont inutilisables. Il ne reste que la solution de tentes.
Comment stopper cet engrenage criminel : de l’extérieur[2] ou de l’intérieur[3] ?
“IDF Ordered Hannibal Directive on October 7 to Prevent Hamas Taking Soldiers Captive”
Le quotidien israélien HAARETZ, Yaniv Kubovich
« Cette doctrine militaire, initialement révoquée en 2016, consiste à empêcher le risque de prise d’otage, même au prix de la mort des captifs. »
Le quotidien libanais, L’Orient le jour
Doctrine Hannibal[4], de quoi s’agit-il[5] ?
Cette doctrine naît en 1986. Son objectif est d’empêcher la capture de soldats israéliens par des forces ennemies au cours des combats.
C’est semble-t-il un programme informatique qui propose « Hannibal » pour nommer la nouvelle directive (procédure, protocole, doctrine…) de l’armée israélienne. Cette doctrine aura des succès (opération Entebbé) et des échecs (massacre de civils à Maalott). Elle n’empêchera pas les prises d’otages et la libération contrainte, de milliers de détenus Palestiniens, suspects et condamnés.
La doctrine Hannibal, tout au long du processus de colonisation.
En octobre 2000, l’armée israélienne active cette doctrine lors de la capture de 3 soldats israéliens dans la zone libanaise occupée par Israël. La réplique israélienne, massive, aérienne et terrestre fait de nombreuses victimes libanaises, des civils. Trois ans plus tard, les corps des soldats israéliens seront échangés contre des dizaines de prisonniers du Hezbollah. Avaient-ils été tués lors des bombardements ? Aux mains du Hezbollah, les trois israéliens avaient plus de valeur, vivants que morts.
Idem en juillet 2006, lors de la capture de deux soldats israéliens, Goldwasser et Regev, comme c’était le cas en juin de la même année pour l’enlèvement de Gilad Shalit au cœur de Gaza. Ce dernier sera échangé contre 1024 prisonniers Palestiniens.
Israël réactive cette doctrine au fil des « opérations » (Plomb durci, Bordure protectrice, etc.) en 2008-9-14 …
En 2014, pour « sauver » le lieutenant Hadar Goldin, l’armée israélienne tue des dizaines de civils à Rafah. Il s’agissait de bloquer une fuite éventuelle ver le sud, vers l’Egypte. Selon le journaliste Attila Somfalvi du site israélien Ynet[6], à l’annonce de l’enlèvement, les officiers sur des systèmes de communication militaires hurlent « Hannibal ! Hannibal ! »
Depuis le 7 octobre 2023, la doctrine s’applique massivement à Gaza, y compris dans les kibboutz attaqués par le Hamas, et sur la route entre la Rave Party et Gaza. La doctrine « Dahiya » présentée plus bas complète « Hannibal ». La somme des doctrines militaires israéliennes donne à Gaza le même résultat qu’au cours du bombardement US & UK sur Dresde en 1945. En quelque jours, 35 000 tonnes de bombes pour 35 000 civils tués. L’équivalent de trois bombes atomiques « Hiroshima ».
Le débat génocide ou pas, compte tenu des destructions massives des habitations et moyens de vie, certains proposent à minima l’appellation : urbicide.
Un secret controversé
La société israélienne évite d’en parler jusqu’au cumul de nombreux incidents. Les valeurs morales, valeur de la vie humaine, en pâtissent. La légalité de la directive questionne, tant en Israël que dans le Monde.
Le 7 octobre 2023, la directive laisse la place à « tuez-les, ceux sont des animaux » tel que prononcé à la TV israélienne par le ministre de la défense
Les officiers et les soldats de Tsahal avaient déjà révélé certaines réalités gênantes. Les médias français les avaient gardés « sous le coude ». Les témoignages circulaient largement sur les médias arabes et sur les réseaux sociaux internationaux. Forcé par le génocide en cours et le soulèvement des jeunes, les médias les dévoilent… enfin !
Ci-après, voir les neuf minutes en anglais sous-titré, de témoignages de soldats et officiers israéliens directement impliqués et témoignage d’une survivante d’un kibboutz attaqué. CLIQUER ICI.
Ci-après, voir les 3 mn en anglais le récit de témoignages et de l’historique de la doctrine. CLIQUER ICI.
Alors, à quoi sert l’autre doctrine, appelée « Dahiya »[7] ?
Cette doctrine n’est pas concurrente de la doctrine Hannibal. Elle la complète
C’est le général israélien Gadi Eizenkot qui la formule pour une application en zone urbaine dans le cadre d’une guerre « asymétrique » (une armée contre des milices). « Dahiya » prône un usage de la force « disproportionné » au cours de représailles contre des zones civiles servant de base à des attaques.
Etymologie de « Dahiya »
En fait Dahiya est la réduction de l’expression Dahiya Janoubéya où
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Dahiya = ضاحية = Banlieue ;
-
Janoubéya = جنوبية = Sud
Dahiya face à l’essor du Hezbollah
Le mouvement du Hezbollah est né de la résistance libanaise et non d’un enfantement iranien.
Pour mémoire, du fait de l’extrême faiblesse de l’armée libanaise, une résistance populaire s’organise en 1982 pour contrer, avec certains succès, l’invasion israélienne au Liban. Fort de son aura, la résistance s’organise en milice, parti politique, services sociaux etc. Elle prend le nom de Hezbollah et réussit à obtenir avec ses alliés près de la moitié des sièges au Parlement.
En 2006, dans un but de « dissuasion » l’aviation israélienne rase un quartier d’habitation de population chiite de la banlieue sud de Beyrouth. Le quartier abritait un bastion du Hezbollah.
Iran ou pas, pour Israël il fallait à tout prix détruire le Hezbollah.
Avec la doctrine Dahiya, les civils libanais en paient le lourd prix… jusqu’aux bombardements actuels. Cela s’applique aussi lorsqu’un membre étiqueté Hezbollah vit dans un village chrétien. Le village est bombardé dans un but de … dissuasion.
A Gaza, Dahiya sert de dissuasion, de repoussoir, d’éradication. Politique démographique oblige !
A Gaza
Hannibal + Dahiya = Urbicide + Ethnicide + Génocide
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Israël, et le droit de se défendre
Se défendre contre quoi ?
L’injustice structurelle qui a donné naissance à un « Etat pour les juifs » porte la négation de l’autre. Elle s’en nourrit.
Comment traiter cette racine du mal ?
Le réflexe de la victimisation booste l’innocence jusqu’à légitimer un génocide.
Comment neutraliser, transcender ce réflexe ?
La création et le développement de l’ « Etat pour les juifs », s’est faite en forme de pays-ghetto Il a réussi à se glisser en Europe à l’UE, à l’UEFA, etc. Néanmoins, il n’est pas intégré dans sa région. De ce fait, il génère et alimente l’animosité des voisins, le rejet par les peuples. Les gouvernements voisins sous-tutelle américaine n’y peuvent rien.
Comment rendre les juifs en Palestine citoyens de leur région ?
Israël justifie sa violence en arguant d’une guerre existentielle, sous-entendu l’extermination des juifs et non pas la remise en cause de l’Etat. De ce fait il se présente au monde comme le petit fragile encerclé et menacé de disparition.
Comment transformer l’ennemi de l’état d’Israël en allié des juifs de Palestine ?
Le sionisme semble agir sur la pensée comme une camisole de force, comme une gangue oppressante.
Le Judaïsme, n’aurait-il pas le droit de se libérer du sionisme[8] ?
Cartoon by Eli Valley, June 2021
L’amalgame, la confusion Judaïsme & Sionisme est une manipulation avec une double intention :
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Culpabiliser les juifs qui veulent distinguer les deux, et qui se posent la question de comment s’émanciper de l’emprise idéologique du sionisme
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Blâmer les juifs et non-juifs antisionistes, dénoncés comme « antisémites » du fait de la confusion. Les faire condamner par des lois, notamment en France. Les historiens juifs, israéliens notamment Shlomo Sand, Ilan Pappé, Tania Reinhart, Eyal Sivan sont aussi dénoncés comme « antisémites »
Comment débarrasser les juifs et non-juifs de cette confusion culpabilisante, pire… car elle attise l’antisémitisme : moteur du sionisme ?
Through decades of continued reinforcement at the familial, communal, and institutional levels that zionism is Judaism and that Jews are israel, many Jews have entirely subsumed israel and zionism into not just Jewish identity in general, but into their own personal identity. This marks the zionist unreality.
Em Cohen[9], June 22, 2021
Comment activer le sens positif de “Chesed”[10] ?
Adel Paul Boulad,
Consultant International Diversité & Performance
Auteur du livre, « Palestine, fin du mécanisme du rejet. Chroniques d’un militant en vue d’un nouvel horizon.