Jusqu’en 1948, par sa position géographique, Gaza et sa région était devenu un pôle régionale cosmopolite au même titre qu’Alexandrie en Égypte. D’ailleurs, la famille et les proches de son dernier gouverneur vivaient dans ces deux endroits.
Et pour cause …
« …Seul mouillage offrant une protection naturelle entre le Sinaï et le Liban, Gaza a été pendant des siècles un carrefour des civilisations, un relais entre l’Afrique et l’Asie, une plaque tournante du commerce de l’encens, suscitant tour à tour les convoitises des Égyptiens, des Perses, des Grecs, des Romains, des Ottomans… »
Extrait de l’article paru sur GEO [1], le 15 avril 2024.
Grâce à la technologie du fer apportée par les Hittites d’Anatolie à Gaza, les Philistins combattent victorieusement contre les Hébreux. Ce sont ces mêmes Philistins qui ont donné leur nom à la Palestine. Palestine, est devenue ensuite le nom de cette région, cette province sous le règne des divers occupants : les Grecs, les Romains qui chassent les juifs, les Byzantins, les croisés, les armées de Saladin, les Turcs, les Mongols … et pendant quatre siècles les Ottomans. Pour la petite histoire, en périphérie de son expédition en Égypte, en 1799 Napoléon a failli être tué à … Khan Younès.
En Palestine, et donc à Gaza, l’Empire Britannique remplace l’Empire Ottoman en déclin. Son mandat prenant fin en 1947. Il organise alors le fiasco du partage voté en 1947 (à l’ONU) et exécuté illégalement en 1948 par la partie devenue israélienne.
A toutes ces époques il n’y avait pas de BANDE DE GAZA.
La 1ère étape de la bande de Gaza, destruction de son cosmopolitisme
Située sur la route entre Alexandrie et Alexandrette[3] , Gaza était devenue un carrefour réputé pour son cosmopolitisme accueillant.
Face aux exactions sionistes avant la création d’Israël, puis dès sa création, les Maltais, les Italiens, les Grecs, les Arméniens … plient bagages et partent vers l’Égypte, en majorité vers l’Europe, l’Amérique du Nord, l’Australie.
La 2ème étape de la bande de Gaza, éviction des Palestiniens du sud d’Israël
Avant le risque de leur disparition, les historiens israéliens de la nouvelle vague consultent puis sauvegardent les archives militaires, y compris les plus compromettantes. Documents [4] à l’appui, Ilan Pappé [5] en révèle une partie au public. L’une concerne le commandement N°40.
Le commandement N°40 est dicté par Ben Gourion le 25 novembre 1948.
N° 40 cible les Palestiniens.
N°40 détaille les modalités du nettoyage ethnique.
N°40 ordonne les expulsions, les destructions et les liquidations physiques des autochtones palestiniens.
N°40 n’a été ni révoqué ni abrogé.
N°40 est depuis 75 ans le mode opératoire derrière le paravent « Etat libéral démocratique ».
La 3ème étape de la bande de Gaza, concentration des Palestiniens chassés de chez eux
Tsahal, expulse, chasse, repousse pour ne pas dire déporte les Palestiniens du Sud d’Israël, ceux d’Ashdod, Ashkelon et les nombreuses localités au bord du Néguev vers le sud, à la frontière avec l’Égypte.
La bande de Gaza, prend forme.
Il s’agit d’un camp de réfugiés avec des centaines de milliers de déplacés vivant sous des tentes hâtivement installées par l’UNRWA, l’office ONU pour les réfugiés.
1956, L’aveu de Ben Gourion, le chef de la bande qui a créé la bande de Gaza
« Cette nuit-là, une belle nuit d’été, nous eûmes une conversation à cœur ouvert sur le problème arabe. Je ne comprends pas ton optimisme, me déclare Ben Gourion. Pourquoi les Arabes feraient-ils la paix ? Si j’étais, moi, un leader arabe, jamais je ne signerais avec Israël. C’est normal : nous avons pris leur pays. Certes, Dieu nous l’a promis, mais en quoi cela peut-il les intéresser ? Notre Dieu n’est pas le leur. Nous sommes originaires d’Israël, c’est vrai, mais il y a de cela deux mille ans : en quoi cela les concerne-t-il ? Il y a eu l’antisémitisme, les nazis, Hitler, Auschwitz, mais était-ce leur faute ? Ils ne voient qu’une chose : nous sommes venus et nous avons volé leur pays. Pourquoi l’accepteraient-ils ? »
Extrait [6] des propos échangés avec un ami digne de confiance, Goldmann [7]
La 4ème étape de la bande de Gaza, le camp de réfugiés enfle
En 1967, la « bande » d’abord sous autorité égyptienne passe sous contrôle israélien. Le dernier gouverneur de Gaza en face à face à Ben Gourion refuse sa reddition et part vers l’Égypte [8].
De guerre en guerre, le nombre de réfugiés augmente, il dépasse les deux millions entassés sur 150 km².
L’Égypte est le voisin sud de Gaza. Pour éviter de devenir complice du déracinement d’un peuple de sa terre, l’Égypte se refuse de collaborer avec Israël. Néanmoins, tout comme l’Unrwa, l’Égypte organise des ravitaillements humanitaires.
En octobre 2023, Tsahal bloque les camions. Le 14 avril certains passent à petites doses.
Il faut rendre les survivants présentables.
La 5ème étape de la bande de Gaza, devient une prison à ciel ouvert.
D’abord occupé jusqu’en 2005, puis « libérée » par Sharon, 1er ministre israélien, ce dernier étrangle la « bande ».
Sous couvert de l’évacuation théâtrale des colons illégalement installés, il rend la vie impossible aux Palestiniens. Il saccage l’approvisionnement en eau et la leur vend au quadruple du prix accordé aux colons.
Israël avorte le projet du port et de l’aéroport prévus après les accords d’Oslo.
Tsahal installe un mur métallique high-tech avec un réseau sophistiqué de surveillance et d’alerte.
La 6ème étape de la bande, un “plafond” sur la prison
Les opérations militaires israéliennes, intensives et meurtrières, se succèdent :
Opération Arc-en-ciel (2004)
Opération Jours de pénitence (2004)
Opération Pluies d’été (2006)
L’« ambiance » empire en violence et cynisme avec,
2008 Plomb durci
2009 Plomb durci, suite
2012 Pilier de défense
2014 Bordure protectrice
Une sorte de sommet est atteint avec
2023 Glaive de fer
La 7ème étape de la bande, le “plafond” transforme la prison en cimetière à ciel ouvert
Le nettoyage ethnique démarré en 1948 avec le commandement N°40, s’accélère. A ce jour le bilan s’élève à plus de 33 000 morts dont 13 000 enfants. Tsahal tue par bombardements aveugles et tirs de snipers des dizaines de médecins, personnels soignants, personnels de l’ONU et ONG, professeurs d’écoles et d’université, de journalistes. Les maltraitances et tortures sont filmées par les soldats eux-mêmes. Ce matériel file vers la Cours Internationale de Justice.
La 8ème étape de la bande, destruction du patrimoine historique
La destruction en cours de Gaza concerne tant les habitations, les bâtiments institutionnels, les écoles, les centres médicaux, les hôpitaux que les mosquées, les églises et … les cimetières.
Elle a aussi touché les sites archéologiques. Interdit de visite sur place et sur la base d’images satellitaires, l’Unesco diagnostique des destructions sur 41 sites archéologiques.
Les bombardements israéliens suivis par leurs bulldozers ne font pas de tri.
La 9ème étape de la bande, un camp de déportation des survivants
Derrière le spectacle hollywoodien Iran – Israël, l’ethnocide et les travaux de terrassement se poursuivent à Gaza. Le convoi des barges flottantes américaines avance en vue du port “humanitaire” à Gaza. Modulo, une « dernière » violence à Rafah, Israël sous le regard de l’Occident prépare la nième déportation imposée aux Palestiniens. Elle passera en partie par le port américain à Gaza et la « participation » occidentale. Quelques pays arabes sous tutelle ou en alliance opportuniste avec les Américains s’associent déjà. Cela s’appelle « des pourparlers en cours »
Que faire ?
Les vingt-quatre initiatives ci-après répondent à trois priorités structurantes d’une humanité retrouvée.
Renforcer le Peuple Palestinien (énergie, compétences, dignité, leadership)
Remettre l’humanité au cœur des jeunes juifs de Tsahal
Faire émerger une ambition commune sans sionisme ni islamisme
A. COMMUNIQUER AUTOUR DE SOI
Informer ses proches, voisins, amis et collègues… Dans un silence médiatique assourdissant, Tsahal déshumanisé tue chaque jour 60-100 Palestiniens.
Parler vrai à nos amis juifs et leur poser la question “Quelle est la meilleure protection des juifs ? »
B. COACHER LES MÉDIAS & PRESSE
Dénoncer la fatwa « antisémite » et le Gish Galloping (vidéo Bassem Youssef) auprès des têtes de file médiatique,
Les inciter à construire. Activation d’un registre médiatique constructif,
Communiquer tous azimuts les rapports de Francesca Albanese (Genocide Anatomy), mandatée par l’ONU, et ceux de la Cour Internationale de Justice,
C. ECLAIRER et TRAITER LE TROU NOIR DU DROIT INTERNATIONAL (Israël)
Historique des 70 condamnations pour non-respect du Droit International,
Cartographie des plaintes et des poursuites en cours, et identification de celles encore manquantes (pays complices, etc.),
Poursuivre Israël pour tous ses crimes,
Poursuivre les états et les institutions de facto complices,
D. RENFORCER LE CORPUS PALESTINIEN
Encourager les dons aux ONG humanitaires, UNICEF, Handicap Int’l, UNHCR…
Relancer l’éducation.
Remplacer le corps enseignant et universitaire détruit,
Favoriser l’éducation émancipatrice,
Ateliers « Organisation & Leadership »,
Œuvrer pour un avenir démocratique et laïque sans entrisme religieux quelconque. Sortir les mouvements islamistes des associations de soutien à la cause Palestinienne.
E. SOUTENIR LES MOUVEMENTS JUIFS DEMOCRATIQUES en ISRAEL et DANS LE MONDE
Commencer le recrutement du contingent de coachs, de spécialistes du changement et de thérapeutes,
Identifier les « briseurs de cercle vicieux » en vue de l’émergence d’un nouvel horizon ambitieux et bénéfique pour les jeunesses présentes en Palestine,
Investir et faire investir dans le projet à créer, celui d’une référence mondiale économique et sociétale,
F. ENRAYER LA MACHINE DE GUERRE ISRAELIENNE
Intervenir auprès des entreprises françaises complices du génocide (armement, technologie et investissement bancaire),
Faire cesser les transactions en cours. Aider les syndicats et les partis politiques déjà engagés,
Stopper l’importation des produits provenant des colonies israéliennes illégales, retirer ceux qui sont déjà sur les étagères des commerces,
Demander l’embargo de l’armement français pour Israël,
G. ACTIVER LES LEVIERS POLITIQUES ET INSTITUTIONNELS.
Faire lever les accords économiques entre l’UE et Israël. Cela a déjà été le cas notamment en 2014. Comment se fait-il qu’avec le nettoyage ethnique en cours, l’UE se tétanise ?
Interpeller les autorités locales et publiques (Maire, Député, Sénateur…) à propos d’un retrait immédiat des forces d’occupation israélienne de Gaza, de Cisjordanie et de tous les territoires usurpés depuis 1948, voire avant comme Umm Rashrash prise à l’Égypte en 1947 et transformée en Eilat,
Demanderau C.I.O, avec le soutien du comité olympique français, de bannir aux JO 2024 le drapeau israélien et de traiter l’équipe israélienne comme celles de Russie et de Biélorussie. En effet, le silence des athlètes russes vis-à-vis de l’Ukraine et celui des athlètes israéliens vis-à-vis de Gaza est du même ordre. Ces silences les rendent complices, respectivement de l’agression russe en Ukraine et de l’éradication du Peuple Palestinien à Gaza,
Demander la révocation de la résolution 181 (comme celle N° 3379), du 29/11/1947 à l’ONU, prévoyant la partition de la Palestine mandataire en deux États indépendants et l’internationalisation de Jérusalem et rejetée par les Palestiniens,
Les initiatives ci-dessus réparties en sept axes ci-dessus, démarrent chez soi, autour de soi. Elles sont à la portée de tout un chacun suivant ses leviers et ses ressources.
Pour éviter d’en créer une nouvelle, nous recherchons actuellement une structure existante pour amender ces initiatives et pour les coordonner. Pour ma part, je me mettrai au service de cette structure.
[2] GAZA AU CARREFOUR DE L’HISTOIRE. Un essai de Gerald Butt. Traduction par Christophe Oberlin, chirurgien intervenant sans relâche en Palestine occupée. Edition Encre d’Orient. 288. Pages. EAN : 9782362430152
[3] Alexandrette est sur côte méditerranéenne au nord-ouest de la Syrie. Elle faisait partie de la Province d’Alep en Syrie. En 1938, sous la pression Turque, la France, puissance coloniale sur place dirigée par le Front Populaire, facilite le transfert d’Alexandrette sous l’autorité Turque. Cela a des conséquences démographiques. 15 000 arméniens fuient vers le Liban. Idem pour les autres chrétiens, tant Arabes qu’Assyriens ou Grecs.
[7] Dans son livre intitulé « Le paradoxe juif » [Editions Stock, 1976], Nahum Goldmann rapporte les détails d’une conversation ayant eu lieu au domicile de Ben Gourion, en 1956, et dont les propos ne devaient même pas être entendus par son épouse, Paula Munweis.
[8] Le témoignage de son fils est dans le chapitre Diaspora Palestinienne du livre « Palestine. Fin du mécanisme du rejet ». La référence du livre de sa fille « Une enfance à Gaza » s’y trouve aussi.