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Lettre ouverte au Président de la République suite à son discours sur le “séparatisme islamiste”

By 20 février 2020 5 Comments

                                                                                                                                                                       Paris le 20 février 2020

Monsieur le Président,

Au cours de votre visite à Bourtzwiller et de votre discours à Mulhouse, ce 18 février à propos du «séparatisme islamiste» vous avez rappelé avec enthousiasme notre socle commun de citoyenneté. Vous faites des distinctions très utiles, laïcité – civilité – règles de la République. Vous avez réussi à provoquer un travail interministériel sur ce sujet critique. Votre intention forte et louable a trouvé un écho favorable et encourageant. Étonnamment, la mise en œuvre de votre intention fait le jeu de l’idéologie que vous souhaitez combattre.

En effet, il y a d’une part un diagnostic biaisé et d’autre part, une omission déterminante.

Que les lignes qui suivent vous soient utiles pour,

  • incarner une autre confiance que celle affichée ce jour,

  • réajuster les initiatives à l’occasion de la suite que vous avez pré-annoncée.

 

Le diagnostic biaisé

Vous avez présenté quatre lignes de force pour le traitement du « séparatisme islamiste »,

  1. Reprise du contrôle des influences étrangères à propos des écoles et du culte

  2. Organiser le culte musulman dans le respect des règles de la République

  3. Lutter contre toute manifestation du séparatisme islamiste et du repli communautaire contrevenant aux lois

  4. Ramener la République là où elle a démissionné

Le diagnostic biaisé concerne votre intention « d’organiser le culte musulman dans le respect des règles de la République ».

« Qui prédique ? » dites-vous.

Quel que soit le prédicateur, force est de constater que l’islamisme est le problème de l’islam. C’est un problème interne.

Or, en mettant en œuvre la formation des imams et en les contrôlant, vous entrez dans le système. De facto, vous devenez le DRH en charge du recrutement, le Responsable de la Formation et le Directeur des Opérations.

L’islam porte en lui le problème de l’islamisme depuis des siècles, depuis sa naissance. Les nombreux débats à propos des textes, de leur assemblage, de leurs interprétations contradictoires, etc. n’ont jamais réussi à extirper du corpus des textes islamiques (Coran, Hadith et Sirat Nabaweyya) les éléments sur lesquels les djihadistes et autres fanatiques justifient leur violence et leur sectarisme. Le terrorisme islamiste n’est que le sommet de l’iceberg. Les incivilités que vous avez citées lors de votre discours révèlent l’iceberg et son impact socio-économique. En sport, dans les associations, dans les entreprises, etc., il s’agit de la prise de contrôle des musulmans par les militants islamistes, puis de l’imposition des valeurs islamiques (au sport, au travail, en ville, …) et de la torsion des processus et des plannings opérationnels au profit des pratiques islamiques.

Pour sortir des ambiguïtés propres aux textes, en décembre 2014, le Président Sissi somme les ulémas (savants) et imams d’El Azhar (autorité sunnite égyptienne) de procéder à une réforme religieuse.

  • Contrairement à vous, il est musulman, président d’un pays musulman où la sharia sert de référence à la constitution,

  • Comme vous il distingue l’idéologie de la foi,

  • Comme vous, il veut que son pays s’harmonise et produise de manière compétitive. Pour l’instant l’Egypte est sous tutelle du FMI.

Le Président Sissi persiste auprès d’El Azhar  2015, en 2016, … sans succès.

Qui oserait toucher aux textes ?

 

Or, ces textes constituent le manuel opérationnel de l’enseignant coranique que vous voulez former et contrôler ! Pas plus que le Président Sissi vous ne pourrez toucher au manuel.

Si vous n’avez ni l’autorité ni la légitimité de traiter le problème interne de l’islam, c.-à-d. l’islamisme, vous avez par contre une double possibilité :

  1. cadrer l’externe, tout ce qui est autour, et légiférer si nécessaire. Partout où il a y a un collectif et un projet commun (sport, association, ville, entreprise, école …), remettre les responsables dans leurs prérogatives, les y encourager,

  2. laisser l’islam régler son problème, avec le risque à terme qu’il prend, celui que ses associations plus ou moins représentatives soient considérées comme sectes par la MIVILUDES.

L’omission déterminante

Le temps pour le sommeil, les repas, le transport, etc. mis à part, un citoyen passe environ sept heures par jour au travail après l’avoir fait à l’école. Plus que tout, l’entreprise est constitutive de l’ETAT dont vous êtes Président.

Or, l’entreprise est la grande absente de votre présentation du « séparatisme » islamique. Et, c’est en entreprise que le clivage s’opère, en profondeur.

Les « hauts dirigeants » l’ignorent, trop secondaire dans leur échelle des priorités.

Plus bas dans les niveaux hiérarchiques, les managers et les DRH se passent la « patate chaude », chacun plus embarrassé que l’autre. Ils oscillent entre deux attitudes, celle de l’accommodement et celle de la confrontation. La première entérine le fait islamique en entreprise. Elle crée le séparatisme que vous dénoncez. La seconde radicalise les militants et accentue le clivage. Les deux affaiblissent la compétitivité et l’attractivité des entreprises françaises.

Vos services recensent 2500 mosquées en France.

Combien ont-ils recensés de mosquées informelles en entreprise ?

Couramment appelées « salles de prière », elles s’établissent d’abord dans un coin pour 2-3 personnes, sur un palier d’escalier comme à la Sorbonne, dans une mezzanine, puis dans une salle aux vitres opacifiées. Elles sont souvent imposées par des minoritaires, les porteurs de l’idéologie que vous combattez. Cette mosquée informelle leur permet de prendre le contrôle des autres salariés musulmans. Ils leur forcent la main malgré leur neutralité voire leur opposition trop souvent muette.

La mosquée informelle fait partie, avec le voile, des marqueurs de conquête de l’islamisme. Ces marqueurs ouvrent la voie à l’application et à l’affichage des obligations et des interdits islamiques au travail. Progressivement, les valeurs islamiques s’imposent au collectif avec les incivilités que vous avez citées le 18 février 2020 (refus de la mixité, refus de saluer les femmes, etc.). Au passage, les plannings opérationnels sont bouleversés au profit du calendrier islamique, le calendrier lunaire.

Il en résulte un impact négatif sur le climat social et sur la performance des équipes, réf. le courrier que je vous ai adressé les 3 et 14 Mars 2019.

Que faire ?

Vous avez les possibilités de :

  • Endiguer dès aujourd’hui l’islamisme viral porté par les imams détachés et les psalmodieurs saisonniers, et éviter ainsi les risques inhérents au délai dit de « progressivité »,

  • Cantonner strictement l’islam dans la sphère privée, comme pour toutes les autres religions,

  • Poursuivre et renforcer votre dispositif de contrôle des flux financiers,

  • Eviter tout débat théologique et toute ingérence dans l’islam, piège tendu par les islamistes. Laisser l’islam régler son problème avec l’islamisme. Déclarer qu’être la 2nde religion de France, ça se mérite, sinon c’est la MIVILUDES,

  • Cadrer le CFCM avec les règles habituelles des associations. Le laisser vivre sa vie avec ses contradictions en interne, et arrêter de lui donner la main. Le CFCM n’a aucune autorité auprès des musulmans, il ne les représente pas. Du fait des courants islamiques différents et divergents aucune association ne pourra les représenter. Pour le CFCM, désormais se considérant comme votre égal, et suite à votre main tendue à M. Moussaoui, celui-ci vous exprime déjà des exigences financières,

  • Interdire et faire condamner tous les actes antirépublicains que vous avez cités,

  • Réaffecter à d’autres domaines les investissements à fonds perdus. Ne pas laisser l’islamisme « traire la vache » comme il a su le faire tout au long des siècles à coups de « ghanaëms» (distribution inter-musulmans du butin, de « guezia » (taxe pour les non-musulmans), aujourd’hui avec la taxe « halal », la « zakat » (l’aumône, aujourd’hui l’objet du harcèlement inter-musulmans au profit d’ONG),

  • Encourager les dirigeants d’entreprise, à l’occasion de votre prochaine rencontre avec le MEDEF, sans attendre leur université d’été des 28 et 29 août prochain, à s’intéresser à leurs équipes dans : les Télécoms, le monde IT, le transport, les sites industriels y compris ceux du Luxe, les sous-traitants des secteurs de l’énergie, du nucléaire, de l’aérospatiale, etc. Les inviter à mesurer l’impact socioéconomique des arrangements consentis. A Bourtzwiller, vous avez été « sur le terrain ». Que les « hauts dirigeants » suivent votre exemple. Leur suggérer de vérifier si,

    • la pression sociale interne a empêché la promotion d’une femme au poste de manager,

    • les tensions inter communautaires font l’objet de vexations dans les toilettes, dans les vestiaires, etc.

  • Inviter les instances et organismes de formation Management (ANDRH, APM, les business School leaders HEC, ESSEC, ESCP …) à se former dès maintenant, auprès d’experts sur le sujet pour ensuite déployer des stages d’entrainement sur des cas concrets et des jeux de rôle. Voir sur https://diversite-performance.com/formation-decryptage-attitudes-et-solutions/

Ces formations permettent aux managers de se réaligner à leurs prérogatives, en

    • sortant de la confusion,

    • dépassant les complexes historiques, ceux post-coloniaux, post-croisades, post-collaboration avec les idéologies fortes (nazisme, etc.), les diverses formes de racisme (anti-blanc, anti-juif, anti-…), le sectarisme culturel, ethnique, etc.

    • traitant des cas concrets,

    • s’entrainant, dans des jeux de rôle, à distinguer les revendications militantes (minoritaires) des simples conflits hiérarchiques sous couvert de revendications religieuses,

    • retrouvant et activant leurs talents d’empathie et de connaissance de l’autre à des fins de motivation,

  • Vous étonner auprès des grands éditeurs, le 20 mars prochain à votre inauguration du Salon du Livre, d’une part de la pléthore de livres alarmistes et anxiogènes et d’autre part de l’absence d’un guide pratique pour les responsables opérationnels en sport, entreprise, association etc. pour les Managers, les DRH etc. Sur les 111 titres de la collection management chez Dunod  pas un seul ne traite du sujet. Un manuscrit dont je suis l’auteur « L’islam en entreprise – Comment déconstruire l’entrisme » est disponible chez les éditeurs de publication sur les entreprises, le management et le leadership, depuis décembre 2018.

En restant à votre disposition, veuillez croire Monsieur le Président en mes sentiments les plus respectueux.

 

Adel Paul Boulad,

Franco-égyptien, coach de dirigeants

Paris le 20/02/2020

5 Comments

  • George A. ZARB dit :

    Bravo Aleik Ya Oustaz!
    Aanta haqin . Koullou mazbout
    Lazim ni choufak vi Genève

    Salamat

  • Arnaud DETURMENY dit :

    En temps qu’employeur, j’apprécie vraiment cette réponse au président de la république qui le met face à ses contradictions comme elle le renvoie aux nôtres. Des leviers de neutralité existent dans la loi et il ne faut surtout pas oublier de s’en informer et de s’en servir plutôt que de préférer le déni destructeur à terme du projet d’entreprise comme de l’harmonie sociale.
    J’espère que le Président saura trouver le courage et surtout tout simplement la neutralité de vous entendre et d’éviter une culpabilisation dangereuse.

    • ap.boulad@plido.com dit :

      Bonjour et merci pour votre message.
      Le Président reçoit, semble-t-il près de 2000 lettres par jour.
      Pourvu qu’un des assistants en charge de leur traitement, sorte favorablement ma proposition.
      Je l’ai envoyée par mail et par courrier postal.

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