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« Faut-il aussi des toilettes à la turc pour les femmes ?»

De quoi s’agit-il ?

Dans le cadre d’un échange sur les valeurs, les principes, la culture, la laïcité, la religion en entreprise soudain le dirigeant de cette PME de la région Auvergne Rhône Alpes place le débat à un niveau très concret et dans un langage assez cru : « Est-ce qu’il faut aussi des ch… à la turc pour les femmes ?».

C’est apparemment une des questions qui préoccupe le comité de direction depuis des semaines. Une prise de tête !

Et le dirigeant de rajouter : « La pression sociale se fait de plus en plus sentir. »

 

En effet, au fur et à mesure de l’entretien, je découvre que la communautarisation a déjà d’autres marqueurs en place :

  • les repas avec des plats différenciés, le frigo halal,
  • les robinets tordus pour remplir des bouteilles destinées aux ablutions,
  • un espace commun discrètement détourné à des fins de prière jusqu’à dissuader les autres employés de l’utiliser pour le stockage, sa vocation initiale …,
  • un processus étonnant pour une nouvelle recrue. « forcément » il rejoint les autres dans l’espace de prière détourné. En effet, dans cette TPE, un des managers, d’origine maghrébine, fait office de « New Hire Manager ». Il a été mis en place pour « gérer le problème », notamment pour les nouveaux entrants de plus en plus d’origine maghrébine, démographie oblige ! Une sorte de manager tampon, sans description de poste avec une mission informelle. In fine, ce dernier fait du prosélytisme auprès de personnes pas nécessairement pratiquante, sous couvert d’une délégation officieuse de sa direction.

 

Pour les WC, combien ça coute ?

  • Faut-il des « toilettes à la turc » pour certains et des « toilettes à la … » pour d’autres ?
  • Alors que le Japon bannit les toilettes à la turc pour les JO 2020, pourquoi en faudrait-il ici?
  • Quel coût pour les travaux, faut-il des mètres carrés supplémentaires ?
  • Qui va discuter et débattre de ce sujet, combien de temps cela va prendre ?
  • Quelle image cela va-t-il générer en interne, en externe ?
  • Quel impact sur le climat social, sur la qualité de la relation entre les salariés ?
  • Quel impact sur le fonctionnement du collectif et en conséquence sur la productivité ?

Dans cette TPE, les communautarisés (10% des salariés) mobilisent le management (10% du personnel), soit au total 20% de la force de production en stand-by pour le sujet WC auquel s’ajoute le sujet « robinet ».

 

Pour la prière, combien ça coûte ?

Concernant les robinets tordus, les managers présents à la réunion sont perplexes.

« On ne comprend pas pourquoi les robinets sont abîmés … ils sont tordus ? »

N’ayant aucune idée du processus relatif à la prière islamique, la phase dite des « ablutions » a été pour eux une découverte. Les robinets sont tordus pour remplir les bouteilles d’eau nécessaire au nettoyage des orifices et des membres avant de procéder à la prière stricto sensu.

 

Entre temps, sollicitée par eux, l’inspection du travail les avait « rassurés » :

« … un salarié musulman peut parfaitement faire sa prière pendant la pause cigarette d’un autre salarié …»

 

L’impact de cette préconisation mise en œuvre dans une entreprise est qualifiable et mesurable :

  • Le salarié musulman rigoriste a des horaires stricts pour la prière.
    • Va-t-il se plier à l’horaire variable d’un fumeur de cigarette ou inversement ?
    • Qui va arrêter la production en cours pour arbitrer le débat ?
  • Parmi les cinq obligations islamiques, celle de la prière indique cinq moments par jour dont deux qui tombent en général dans les heures de travail, parfois trois.
  • La « pause-clope » a fait l’objet de calcul de coût, largement publié. Qu’en est-il de la « pause religion » ?
  • Si une cigarette se consomme en 5-7 minutes, quel est le temps pris par l’ensemble du processus de la « pause prière islamique » ?
    • Trois à cinq minutes pour mener la transition,
      • Se déconnecter mentalement avant de sortir d’une réunion ou d’arrêter une machine,
      • Gérer la pression sociale et guetter « qui y va prier vs qui n’y va pas »
    • Sept à dix minutes pour procéder aux ablutions et rejoindre l’espace de prière,
      • attendre son tour dans la file d’attente,
      • remplir une bouteille d’eau pour libérer l’espace général,
      • nettoyer, obligatoire, à l’eau de ce qui sort des « deux orifices naturels », puis dans l’ordre strict
      • prononcer mentalement l’intention de l’ablution et prononcer une formule religieuse,
      • laver ses mains jusqu’aux poignets (3 fois),
      • rincer sa bouche, cracher l’eau mis en bouche par la main droite (3 fois),
      • se rincer le nez en aspirant et expirant l’eau (3 fois),
      • laver son visage avec les deux mains (3 fois),
      • se laver le bras droit jusqu’au coude, du bas vers le haut et inversement (3 fois),
      • idem avec le bras gauche,
      • passer les mains mouillées sur les cheveux en allant du front jusqu’à la nuque et retour (1 fois),
      • nettoyer l’intérieur et l’extérieur des oreilles,
      • Se laver le pied droit jusqu’à la cheville en passant l’auriculaire entre les orteils (3 fois),
      • Idem pour le pied gauche,
      • Prononcer la shahada (profession de foi musulmane),
      • Rejoindre l’espace de prière,
    • Quinze minutes pour procéder à la prière,
      • Celle-ci a un processus précis, récitation et gestuelle.
      • Elle comporte notamment la récitation d’une sourate.
      • La durée de la prière, hors ablutions, est donc variable entre 10-20mn.
    • Cinq à sept minutes pour reprendre son travail,
      • Se remettre en tenue et ranger l’espace
      • Regagner son poste de travail ou la réunion avec un temps de latence pour retrouver la tâche arrêtée ou le sujet en cours de discussion.

 

Quel est le bilan de la préconisation de l’inspecteur contrôleur du travail ?

La « pause prière islamique » ponctionne sur le temps de travail plus d’une heure en totalisant les deux prières tombant dans les heures ouvrables. Soit plus de dix fois plus que la « pause clope », avec en plus l’ineptie de chercher à les synchroniser.

 

Quel est le coût global ?

Comment sortir de l’embarras?

La mesure du coût direct étant faite, il reste à chacun de regarder encore plus en profondeur et de mesurer dans son propre contexte les dégâts sur :

Le TEMPS DU COLLECTIF, et celui sur le CLIMAT SOCIAL.

 

Des tableurs pour mesurer les coûts directs et induits et autres outils de management sont disponibles, cliquer ici.

 

Par ailleurs, des dispenses existent en islam, notamment « Beyn el Salateyn ». Cette règle permet aux pratiquants de regrouper les prières en dehors du temps de travail. Voir article.

Dès lors que cette règle n’est pas utilisée par les salariés musulmans, c’est l’indication claire qu’un autre projet se déroule dans l’entreprise, un projet exogène et concurrent à celui de l’entreprise.

 

L’application de la dispense « Beyn el Salateyn » éviterait dans le cas de cette TPE : l’embarras et la prise de tête, le calcul des coûts, les débats sur les WC, les robinets et l’espace détourné, le rôle bidon du manager tampon devenu manipulateur, la dégradation du climat social, la ponction de plus de 15% du temps de production, etc.

 

Dispense religieuse ou non, aux dirigeants de savoir et de déclarer si la pratique religieuse fait partie du projet de l’entreprise.

  • Si c’est oui, autant intégrer au projet d’entreprise toutes les pratiques de toutes les religions.
  • Si c’est non, aucun des marqueurs religieux mentionnés plus haut n’a pas sa place en entreprise.

 

Des ateliers pour renforcer le projet d’entreprise et le leadership des dirigeants sont disponibles, cliquer ici.

La formation “Décryptage – Attitude et Solutions” destinée aux managers, drh et coaches aura lieu le 22-11.

Information et inscription, cliquer ici.

 

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